Compte à Rebours (12éme Partie)

« -Lieutenant ? Encore un appel pour vous ! »

Ce n'est pas vrai, c'est un véritable standard téléphonique, ici ! Plissier considérait d'un œil agacé le combiné téléphonique que lui tendait l'ingénieur, lui-même visiblement plus qu'ennuyé par la situation.

« - Plissier, j'écoute ! »

Sa voix, plus bourrue qu'il ne l'aurait souhaité, claqua sèchement dans le combiné si bien que son interlocuteur marqua un temps d'arrêt, surpris, avant de répondre.

-  Je suis toujours chez le Préfet, Plissier, j'ai pu m'absenter un court instant pour venir aux nouvelles...je dois l'informer en temps réel des avancées de l'affaire.

Misère, le Commissaire ! Je l'avais complètement oublié...

Absorbé par le cour des événements, le Lieutenant ne songeait plus à son supérieur ni même au rapport qu'il était sensé lui faire.

 « -  Qu'est ce que ça donne ? »

- C'est mauvais, Monsieur le Commissaire, très mauvais. Nous sommes toujours dans l'attente d'une solution pour assurer la libération des passagers de la cabine et les démineurs sont face à une situation très difficile... »

Le Commissaire écouta attentivement le Lieutenant lui exposer la découverte du piégeage de la cabine et des difficultés qui se profilaient pour sauver les otages d'une explosion assurément programmée. Au fur et à mesure que son subordonné lui déroulait le sinistre synopsis de l'histoire, il se sentait gagné par une sorte d'impuissance devant cette situation dont le dénouement positif semblait des plus compromis et qui échappait aux schémas habituels du genre.

Il se retrouvait malheureusement dans l'incapacité d'agir à son niveau et il n'y avait rien de plus déstabilisant que de se tenir en attente d'éléments incontrôlables et de compter sur d'hypothétiques erreurs d'un criminel.

Ce n'était pas cela la Justice, cela était assurément inconcevable.

« - C'est du bon boulot, Plissier, continuez à me remplacer. Contactez-moi chez le préfet dès qu'il y a du nouveau, nous avons besoin d'être avertis le plus vite possible des événements.

-   Bien, Monsieur.

- Plissier, qu'en est-il des passagers ? Comment ça se passe ?

Plissier dirigea son regard vers le moniteur, fixant son attention sur les personnes qu'il discernait avant de répondre.

- Mis à part quelques échauffements qui se sont vite arrêtés, la situation est calme. Ils ont l'air de bien prendre les choses pour le moment.

-  Ils ne se doutent de rien pour l'instant ?

- Non, ils croient encore à une panne qui s'éternise mais qui est en voie de réparation.

Le Commissaire resta silencieux un court instant, réfléchissant à ce qu'il convenait de faire pour les infortunés.

-     Monsieur ?

-   Plissier, je crois que nous devrions creuser dès à présent dans cette direction... qui sont ces gens, ont-ils un rapport, même ténu, avec cette affaire... ça pourrait nous aider... et puis...

-    Oui, Monsieur ?

-   Si jamais ça tournait mal, et je ne le souhaite pas, nous aurons besoin d'avoir ces informations avant...

-   J'y ai pensé mais j'hésite à le faire. Dans l'état actuel des choses, je ne voudrais pas créer de suspicion et leur faire croire qu'il se passe quelque chose. Si je leur pose des questions trop inquisitrices, ils vont avoir des doutes... et je ne pourrais pas indéfiniment leur cacher ce qu'il se passe.

-   Je sais, je comprends votre point de vue et je le partage. Mais comprenez que nous avons besoin de ces renseignements cruciaux.

-   Oui, Monsieur...

Plissier soupira profondément. Il n'aimait pas du tout la situation dans laquelle il se retrouvait et concevait une sorte de rancœur à se sentir seul face à une si délicate tâche.

-  Je vous fais confiance, Plissier, vous trouverez comment procéder...

Ben voyons...c'était si simple ! Il n'y avait qu'à appeler et à demander à chacun son pedigree !

A SUIVRE ...