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Les scribouilles

écriture (notes, roman, nouvelles, textes...) lecture et curiosités en partage

Compte à Rebours (17ème Partie)

Josselin raccrocha son téléphone et demeura un instant immobile, le regard baissé. Il puisait encore quelques bribes de forces pour affronter son inédit rôle de composition.

En cet instant précis, il prenait terriblement conscience de la fragilité de ce qu'il croyait acquis, de la futilité des comportements tels ceux qu'il avait pu avoir dans sa relation avec Lucie, du préjudice que son manque de maturité lui avait causé jusque dans sa vie professionnelle. Sa vie, si instable à présent et menacée par une événement incroyable se chargeait de le rappeler à l'ordre en lui envoyant de cruels pics. Il était enfin lucide.

Lorsqu'il releva son visage, il regarda longuement le petit carré sombre qui témoignait si discrètement de la présence et du soutien de Plissier et il lui adressa un faible sourire de ses lèvres tremblantes avant de s'éloigner pour rejoindre les autres passagers.


Ceux-ci avaient avait repris de plus bel leur tapage, Brian les ayant rejoint. Seul l'homme à l'attaché-case demeurait dans son perpétuel immobilisme, détaché de tout et de plus en plus absent.

Josselin se rassit à même le sol et pâlit en se remémorant les paroles du Lieutenant :   « Vous êtes tous assis sur 50 kg de plastique... ».

Comment cela était-il possible ?

Quelle folie les avait conduit à se retrouver prisonnier d'un si abominable piège ?

 Pourquoi eux ?

Etait-ce la une punition du destin pour leurs péchés ou un détraqué avait-il agit à l'aveuglette, trop obsédé par son entreprise de démolition pour se soucier des éventuels innocents qu'il entraînerait probablement dans sa folie ?

Sous lui, le plancher lui sembla brûlant et il du prendre sur lui pour ne pas bondir sur ses jambes en hurlant.

Tout n'était pas perdu, le Lieutenant lui avait laissé entrevoir de sérieux espoirs que cette mésaventure se termine heureusement pour chacun d'entre eux. Josselin avait une mission a mené à bien pour aider leurs sauveurs dans leur entreprise et il avait bien l'intention de jeter toutes ses forces et sa détermination  à son service. Il en allait de leur survie, il ne pouvait décemment pas se défiler.

Alors, comme un automate, il réclama le calme et il répéta mot pour mot les paroles que lui avait suggéré le Lieutenant, stupéfait par la maîtrise qu'il parvenait à afficher face aux passagers qui l'écoutaient attentivement.

Malgré quelques réticences - Paul trouvait un certain défoulement dans son tapage forcené - ils prirent tous le parti de se tenir tranquille pour faciliter le travail des réparateurs.

Ils reprirent donc leur place sur le sol, assis en cercle, les uns faisant face aux autres.


« - Bon, qu'est ce qu'on fait maintenant ? demanda Brian.

-          Je crois qu'on ne s'est pas tous présenté... qui s'y colle ? » hasarda Cécile.

Paul esquissa un geste discret de la main pour signifier qu'il désirait prendre la parole.


« - Allez, j'y vais, mais ne vous attendez pas à des révélations fracassantes ! Je m'appelle Paul, j'ai bientôt 47 ans. Je suis cadre dans une société de consultants en informatique depuis quelques années. J'aime beaucoup mon métier, les responsabilités, les contacts, les voyages, la petite pointe de stress qu'il y a parfois, c'est stimulant. Sinon... je fais du sport, j'aime sortir, voir des amis, profiter de la vie...Voilà, j'ai fais le tour...

-          Vous avez des enfants ? demanda Brian, curieux.

-          Oui, j'ai 2 enfants que ma femme élève, elle reste au foyer depuis leur naissance... »


Tous les regards se fixèrent sur lui, interloqués.

Son comportement envers Cécile était sans équivoque et il était clair que la femme légitime qu'il évoquait ne pouvait être elle.

Cécile rougit intensément et Paul cacha son trouble derrière un petit sourire espiègle. Après tout, il n'était pas le premier homme à entretenir une relation adultère et il avait au moins la franchise de la revendiquer.

Pour Cécile, la situation n'était pas confortable et plus sa relation avec Paul avançait dans le temps et plus le malaise s'accentuait. Il devenait de plus en plus difficile d'être juste la maîtresse, d'accepter d'être considérer comme la voleuse d'homme, la soi-disant pauvre frustrée condamnée à tenter de récupérer le bonheur d'une autre pour se l'approprier. La société et la morale campaient sur leur position bourgeoise conspuant les briseuses de ménage et offrant une certaine indulgence au mari volage. Ce qui était tolérable de la part d'un homme ne saurait se concevoir et s'accepter provenant d'une femme, encore trop traditionnellement dévolue à la sauvegarde de l'unité familiale et à l'application d'une certaine constance, aux yeux d'une société qui demeurait indécrottablement machiste et conservatrice.

Paul en rajoutait, jouant sur l'ambiguïté que lui conférait son statut d'homme marié et l'inconstance ancrée dans ses gènes, une véritable seconde nature somme toute.  Cela le rendait tour à tour désirable et détestable pour la gent féminine et Cécile, comme d'autres avant elles, s'était prise au piège sans sourciller.

Il faut dire qu'il avait déballé des trésors de subtilités pour s'approcher d'elle et la captiver, beau parleur et bel homme, amant passionné, capable de transcender chaque minutes passées ensemble en promesse d'éternité. Bien sûr, il l'aimait et il était sincère à chaque fois qu'ils passaient un moment ensemble mais il finissait toujours par rentrer docilement dans son foyer, ne désirant pas remettre en cause son équilibre conjugal et sa famille. Il réussissait le tour de force d'aimer deux femmes en même temps, en dissociant parfaitement ses deux relations.

Incapable de cette étonnante dualité, Cécile concevait de plus en plus de difficulté à assumer sa seconde place, mûre pour s'investir dans une véritable relation constructive. Mais comment s'impliquer ailleurs alors que Paul était sans cesse dans ses pensées lorsqu'il n'était pas à ses côtés, jusque dans leur travail ?

Combien devenait insupportable les périodes de séparation où elle guettait un appel, un signe de lui, sachant fort bien que Paul devait se cacher pour la contacter tout à loisir.

Comme les conversations soudainement interrompues étaient douloureuses lorsqu'elle devinait que l'épouse légitime surgissait.

Toujours laissée de côté, toujours la seconde, cela devenait intolérable.



A SUIVRE...

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